jeudi 10 août 2017

The Solution, de Stupeflip: du néon aux Éons

Cela commence par l'évocation de tubes dits "à néon", pas tellement les rigides qui servent à éclairer des pièces mais les autres, utilisés pour la signalisation des publicités. Souvent de couleurs vives, tordus en forme de lettres, de cadres, ils sont longs, assez fins et n'en finissent pas d'inciter à la consommation, dans la nuit des zones urbaines.

À présent, la nuit est différente, campagnarde et déserte. Trois êtres sont présents pour rien de ce qui constitue notre existence habituelle. Personne n'est là pour les regarder. Lumineux, colorés, leurs filaments désamorcent toutes les velléités d'accaparement capitaliste. Leurs cous massifs et la vue en contre-plongée donnent une impression de puissance. Ils me font penser à ces puissantes entités de l'univers Marvel, les Celestials, mais alors que ceux-ci ont une hauteur d'à peu près 610 mètres, les trois êtres de cette vidéo tirée du dernier album de Stupeflip possèdent une taille humaine. La question de la puissance demeure, cela dit.

Il existe réellement une différence de taille entre ces êtres, et ce dans tous les sens du terme. Les Celestials sont en quelque sorte les enfants d'un premier principe appelé The First Firmament. Ce dernier engendre en fait deux groupes: les Celestials et les Aspirants. Les Aspirants cherchent uniquement à servir The First Firmament tandis que les Celestials sont considérés comme des rebelles puisque leur objectif est l'instauration d'une réalité dynamique, diverse et évolutive par le biais d'êtres cosmiques supérieurs créés par eux. Comme on peut s'y attendre, un conflit éclate entre les deux factions, conflit qui menacera purement et simplement de détruire le premier univers.

Seconde évocation: la Gnose enseigne que deux groupes rivaux s'affrontent sur fond d'Univers. Il s'agit de ces entités appelées Éons et Archons. Les premiers sont, d'un certain point de vue, des attributs du Créateur unique. Celui-ci n'a pas voulu l'apparition du Mal. La mort, la merde, l'angoisse blême de ce monde qui est le nôtre ne sont pas de son fait. Le responsable, c'est le Démiurge, créateur maladroit, imparfait, tyrannique et même destructeur. Il correspond au Jéhovah de l'Ancien Testament. Ce démiurge est assisté par les Archons, que nous prenons un peu trop vite pour des "anges" au sens faux du terme, c'est-à-dire des "gentils" (puisque le terme "ange" désigne en réalité un messager, ce qui est assez différent).

Dans le clip de Stupeflip (rime involontaire, tiens), pas question de forger, de détruire, de manipuler la Création. Quelle étrange et magnifique modestie dans la puissance de ces Éons manifestés dans la campagne nocturne, à l'écart de toutes les stratégies pédagogiques, de tous les discours de vainqueurs, à l'écart de tout mais pas de nous.

Ce sont bien eux, nos véritables alliés. C'est bien avec leur aide gratuite et aimante que nous encouragés à passer outre le régime d'illusion et d'entropie mortifère subi depuis des générations. Le Tau lumineux dans la main droite de l'Éon n'est pas un symbole nouveau, créé pour le clip, mais l'éternité a toujours été, sera toujours, est. C'est déjà-toujours l'éternité, néanmoins nous n'en avons pas conscience dans le monde sublunaire.

Mais quel curieux visage où se mélangent l'animal et l'humain. L'animal ne nous est-il pas inférieur? Il l'est mais l'humain qui ne vit que par ses instincts se retrouve encore plus bas que lui. Tout comme l'ange (l'Éon), l'animal est pur car il ne possède qu'un "logiciel". L'humain est mélangé: corps, âme, esprit. Cette complexité ne manque cependant pas d'être fascinante, y compris du point de vue des anges. Ceux d'entre eux qui acceptent cette unicité se prosternent devant l'Homme. Les autres, qui ne voient de nous que notre argile, refusent de se prosterner et, par là, provoquent leur chute. La synthèse du thériomorphisme (aspect animal) et de l'anthropomorphisme indiquent une transfiguration. Pour le dire autrement: Stupeflip et le CROU nous aident à redevenir en plénitude les Éons que nous croyons ne jamais avoir été.











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